L’Ontario est l’une des rares provinces à disposer d’un cours dédié à l’éducation civique, un cours plus ou moins abouti qui se confond avec celui d’orientation professionnelle en 10e année. Une idée reçue circule selon laquelle personne ne veut donner ce cours, et il se retrouve régulièrement confié à des enseignant.e.s nouveaux.elles ou inexpérimenté.e.s.
Au Barrie North Collegiate, rien ne pourrait être plus éloigné de la réalité : Christine Penrose et ses collègues du département d’études canadiennes et mondiales refusent que cela se produise.
« L’éducation civique est un programme clé dans notre école », explique Penrose. « C’est une chose/matière/un cours qui tient à cœur à notre département. Nous ne le laisserons pas devenir l’une de ces matières un peu mis de côté que n’importe qui peut enseigner. Nous voulons que notre département s’en occupe, alors nous nous battons pour lui. »
Penrose se bat pour l’éducation civique parce que c’est un sujet qui la passionne et elle sait que cette passion est indispensable pour le rendre vivant auprès des élèves. « Lorsque je donne mes cours, je dois être emballée. Si je ne le suis pas, les élèves ne le seront pas non plus. »
Pour elle, son rôle en tant qu’enseignante d’éducation civique est d’aider les élèves à établir des liens entre les gouvernements, les élections et les enjeux qui les touchent, de leur donner les moyens de participer à des discussions politiques et de trouver leur voix.
« Je pense que souvent, on dit aux jeunes de s’asseoir et de se taire », dit-elle. « On leur a dit pendant si longtemps que leur voix ne comptait pas : ils ont besoin de savoir qu’elle compte ».
Penrose reconnaît qu’au premier regard, les élèves ne sont pas toujours très enthousiastes à l’idée d’un cours sur l’éducation civique. Mais son cours est différent de ce à quoi iels s’attendent et iels se surprennent à se sentir rapidement investi.e.s dans les activités.
« C’est incroyable parce qu’il y a eu des élèves qui se disaient au début “ugh, quel cours stupide” parce qu’ils n’avaient pas envie de le faire, et ils se retrouvent maintenant à être ceux qui s’inscrivent pour faire du bénévolat ou qui parlent de politique », dit-elle.
Je pense que souvent, on dit aux jeunes de s’asseoir et de se taire. On leur a dit pendant si longtemps que leur voix ne comptait pas : ils ont besoin de savoir qu’elle compte.
Elle attribue cela en partie au climat de confiance qu’elle parvient à créer en classe, en tenant les conversations à huis clos. « Nous allons avoir ces conversations controversées, elles ne me font pas peur », dit-elle. « En sachant qu’ils ne risquent rien, je trouve que les jeunes commencent à s’ouvrir ».
Au fil du temps, Penrose a remarqué que cette invitation à la participation en classe a pour effet de susciter un intérêt pour les sujets politiques. « Maintenant, ce sont eux qui posent les questions – ils ne sont pas simplement assis dans un coin. Ils veulent véritablement prendre part à la conversation ».
Penrose a intégré tous les programmes de CIVIX dans son enseignement : le Vote étudiant, Salut l’élu.e, les Consultations budgétaires auprès des élèves, CTRL-F et, plus récemment, ParlonsPoli.
C’est sans surprise que le Vote étudiant au Barrie North Collegiate est devenu tout un évènement. L’école en entier y participe, avec des élèves prenant part à toutes sortes d’activités d’information pour aider leurs camarades de classe à faire un choix informé et éclairé au moment de voter.
Iels créent des vidéos, produisent des émissions radio, font des recherches et interrogent les candidats sur leurs programmes et créent des affiches qui sont placées bien en vue pour que tout le monde puisse les voir. « Nous voyons souvent des enseignants les regarder pour savoir qui sont les candidats et pour qui ils devraient voter, c’est donc une excellente ressource, et pas seulement pour nos élèves. »
Penrose intègre également les thèmes liés au Vote étudiant dans le matériel pédagogique qu’elle utilise entre les élections et soutient ses collègues par mentorat et en leur partageant ses ressources. « Nous sommes une école qui ne cache pas ses choses. J’ai partagé l’intégralité de mes cours avec des enseignants d’autres écoles, et même avec d’autres commissions scolaires. Parce que lorsqu’on ne sait même pas par où commencer, je pense que la première chose à faire est de partager. »
Les effets de tout ce travail se ressentent dans la communauté. Penrose raconte qu’elle entend souvent des parents qui disent avoir voté pour la première fois grâce à leur enfant. Plusieurs de ses élèves se sont porté.e.s volontaires dans les bureaux de vote et resteront en contact avec elle pour lui faire savoir lorsqu’iels pourront voter pour de vrai.
C’est là tout le pouvoir d’une éducation civique accessible. « Ça peut être difficile parce qu’on ne pense pas que les élèves s’intéressent au gouvernement », dit Penrose. « Mais nous pouvons chasser cette idée et faire de l’éducation civique quelque chose d’amusant et d’accessible, pour que les élèves sachent qu’ils peuvent agir maintenant, en étant jeunes, et continuer de le faire tout au long de leur vie ».
En Bref
NOM: Christine Penrose
LIEU: Barrie, Ontario
ANNÉES SCOLAIRES ENSEIGNÉES: 10e à 12e année
MATIÈRES ENSEIGNÉES: Éducation civique, Histoire, Droit canadien
NOMBRE D'ANNÉES D'ENSEIGNEMENT: 18
NOMBRE D'ANNÉES IMPLIQUÉES AUPRÈS DE CIVIX: 17
PROGRAMMES DE CIVIX MIS EN ŒUVRE: Vote étudiant, Consultations budgétaires auprès des élèves, Salut l’Élu.e, CTRL-F, ParlonsPoli, Camp de la démocratie.
MOTIVATION PRINCIPALE: « Ma motivation a toujours été de pousser les élèves à voter. C’est toujours le cas, mais je pense qu’en ce moment, dans ce climat social, ils doivent aussi savoir qu’il est possible d’accepter d’être en désaccord, ils ont besoin de réaliser qu'ils ont envie de progresser. Et je veux que cela reste intéressant pour les jeunes. »