C’est une expérience de bénévolat qui a convaincu Elena Wiens qu’elle voulait devenir enseignante. Il y a 25 ans, elle a commencé à s’impliquer dans une organisation, Villa Rosa, qui apporte un soutien aux jeunes femmes enceintes. À l’époque, elle participait au programme artistique et enseignait le théâtre.
« L’organisme m’a appris que je pouvais avoir un impact positif sur le monde en commençant par l’individu », déclare-t-elle, alors qu’elle siège aujourd’hui au conseil d’administration de Villa Rosa. « Le cours de la vie d’une personne peut changer du tout au tout grâce à une bonne éducation. »
En tant qu’enseignante, ce dont elle est le plus fière, ce sont les histoires d’élèves qui ont affronté des difficultés et qui ont développé leur autonomie grâce à l’école. Du.de la nouvel.le arrivant.e qui s’est plongé.e dans l’apprentissage du système politique canadien et s’est présenté.e aux élections à l’âge adulte à l’élève qui a trouvé sa place en travaillant pour quelque chose plus grand qu’ellui grâce au Vote étudiant et qui a obtenu son diplôme d’études secondaires, contre toute attente, en passant par l’élève autochtone qui a développé sa voix et partagé ses expériences grâce à un environnement de soutien en classe, pour Wiens, iels sont la raison d’être de tout ce qu’elle fait.
En matière d’éducation à la démocratie, la question qui guide son approche est la suivante : « Que signifie être un citoyen actif au sein de notre communauté, de notre communauté scolaire et de notre classe? »
Enseignante depuis deux décennies, Wiens utilise le matériel de CIVIX depuis la toute première occasion qui s’est présentée à elle, soit lors des élections fédérales de 2004. Cette année-là, un collègue lui a demandé de prendre les rênes du Vote étudiant. Lorsqu’elle repense à cette expérience, elle se souvient avoir pensé : « Il faut que ce soit une grande affaire. Nous devons en faire une affaire d’école. Nous devons impliquer tout le monde et faire en sorte que ce soit les élèves qui s’en chargent. »
Immédiatement séduite par le programme, elle a depuis dirigé le Vote étudiant à toutes les élections fédérales, provinciales et municipales, sans jamais en manquer une seule. Il s’agit désormais d’un événement d’envergure dans l’école : les bureaux de vote de l’école secondaire Grant Park étant souvent ouverts de 8h à 16h pour le Jour du Vote étudiant, et, aujourd’hui, jusqu’à 90 élèves s’occupent de la préparation de cet événement.
Il est absolument essentiel que les élèves sortent de l’école et fassent l’expérience authentique de leurs apprentissages dans le monde réel.
Wiens est aujourd’hui cheffe du département d’études sociales et elle estime que l’apprentissage doit être authentique et fondé sur l’expérience. En juin 2023, elle a vécu une expérience passionnante avec ses élèves, lorsqu’elle et ses élèves ont été invité.e.s à la Maison du Manitoba, soit la résidence officielle de la lieutenante-gouverneure, Anita Neville, pour accueillir dans la province la gouverneure générale Mary Simon, en compagnie de la première ministre Heather Stefanson.
« Il est absolument essentiel que les élèves sortent de l’école et fassent l’expérience authentique de leurs apprentissages dans le monde réel », explique Wiens. « Des années après avoir quitté ma salle de classe, ils seront attentifs et engagés dans ce qui se passe dans ces lieux, auprès de ces personnes et dans ces rôles, parce qu’ils ont une expérience personnelle qui les lie à cela. »
Son approche de l’éducation à la citoyenneté est multiforme et multidisciplinaire. L’un de ses principaux piliers consiste à créer un environnement d’apprentissage sécuritaire qui permet aux élèves de discuter de sujets difficiles et dans lequel iels peuvent comprendre une variété de points de vue et négocier les divergences.
Son activité de discussion préférée est le protocole de discussion « Quatre coins », qui fait partie du programme ParlonsPoli de CIVIX. Chaque mur de la classe est désigné par une position (d’accord, en désaccord, entre les deux et indécis.e) et les élèves se déplacent dans la salle de classe ou restent immobile en fonction de ce que disent les autres pendant la discussion.
Les sujets abordés par les élèves vont du sérieux, comme « Le gouvernement doit-il prendre en charge les procédures de changement de sexe? » à des sujets plus légers, comme « Est-il acceptable de faire cuire du riz au micro-ondes? »
« Les discussions qui utilisent ce protocole sont extrêmement efficaces, parce que les élèves qui ne veulent pas parler participent quand même physiquement », explique Wiens. « Même s’ils sont trop gênés ou qu’ils ont peur de lever la main, ils restent debout ou se déplacent dans la salle ».
Wiens entreprend un large éventail d’activités pour soutenir la citoyenneté, notamment, elle invite des député.e.s à venir dans sa classe dans le cadre du programme Salut l’élu.e de CIVIX. L’année dernière, son école a accueilli Jim Carr, peu avant le décès du ministre libéral fédéral. Wiens a déclaré que monsieur Carr était l’exemple même du discours civique curieux qu’elle cherche à encourager dans sa classe.
« Dans l’actualité, la politique fait souvent l’objet d’un sensationnalisme. Les divisions sont très présentes. Jim Carr n’était pas du tout comme ça », dit-elle. « Il a démontré et invité les élèves à partager un idéal de respect de toutes les opinions et de valorisation de l’apport de chacun. »
Les élèves ont profité de cette expérience. « Les jeunes étaient tellement engagés et si bien préparés pour l’événement. Plusieurs classes de 9e années ont participé à l’événement, et il n’y a pas eu un seul élève qui n’ait pas été totalement impliqué dans cette expérience. »
La relation entre la citoyenneté informée et l’éducation aux médias est également une préoccupation importante pour Wiens, qui enseigne un nouveau programme en utilisant le programme CTRL-F de CIVIX et en demandant aux élèves de créer leur propre émission d’information.
« Les élèves ont besoin d’outils pour naviguer dans le flot d’informations auquel ils sont exposés », dit-elle. « Ils doivent également comprendre la responsabilité qui leur incombe d’utiliser ces outils pour devenir des citoyens informés. »
En fin de compte, Wiens considère la salle de classe comme une sorte de microcosme où la participation démocratique et le discours peuvent être encouragés. « Le système multipartite du Canada est censé être une discussion, et non un débat, dit-elle, où nous apportons tous nos idées à la table, ensemble, pour le bénéfice de tous. »
En Bref
NOM: Elena Wiens
LIEU: Winnipeg, Manitoba
ANNÉES SCOLAIRES ENSEIGNÉES: 9e et 12e année
MATIÈRES ENSEIGNÉES: Études sociales, anglais, histoire, art dramatique
NOMBRE D'ANNÉES D'ENSEIGNEMENT: 20
NOMBRE D'ANNÉES IMPLIQUÉES AUPRÈS DE CIVIX: 19
PROGRAMMES DE CIVIX MIS EN ŒUVRE: Vote étudiant, CTRL-F, ParlonsPoli, Salut l’Élu.e
MOTIVATION PRINCIPALE: « Les externalités économiques positives : nous bénéficions tous d’une nouvelle génération de citoyens réfléchis et éduqués qui s’écoutent les uns les autres et discutent des problèmes avec eux de manière réfléchie et avec discernement. »