Melissa Hopkins a toujours su qu’elle voulait être enseignante. « J’étais cette petite fille de quatre ans un peu bizarre qui alignait ses poupées devant le tableau noir », raconte-t-elle. « Je faisais même des listes de classe. »

Depuis, sa voie était toute tracée, bien qu’après le secondaire, elle ait considéré l’idée d’utiliser ses compétences en matière de recherche et de débat pour étudier le droit. « J’ai pensé que cela pourrait me changer en tant que personne, mais de façon négative », dit-elle, « Alors j’ai choisi un domaine où je peux aider la société de façon positive. »

Élevée dans un quartier ouvrier du nord-est de Calgary, Hopkins y a enseigné pendant 19 ans avant d’être mutée, l’année dernière, à la toute nouvelle école Lakeshore, dans le sud-est de la ville. C’est un grand changement, mais, selon elle, où que l’on aille, « les adolescents sont des adolescents ».

Enseignante d’études sociales, d’anglais et de sciences humaines en 9e année, Hopkins croit que les adolescent.e.s en général sont sous-estimé.e.s. « On les stéréotype souvent comme des personnes qui “ne savent pas encore”, mais je trouve qu’ils en savent plus que bien des adultes qui font partie de leur vie. Nous devons leur donner une voix. »

Hopkins crée des occasions où les élèves apprennent à penser de manière critique et à utiliser leur voix par le biais d’une série d’activités, qui adoptent souvent une approche pluridisciplinaire.

« L’année dernière, nous avons fait une activité scientifique sur l’interdiction des plastiques à usage unique », explique-t-elle. « Nous avons discuté de leurs impacts, de la façon dont cela affecte notre citoyenneté, notre identité et notre qualité de vie, et de ce que cela signifie du point de vue des parties prenantes. » 

Elle a également utilisé les mathématiques pour explorer les droits collectifs dans le contexte de la qualité de l’eau dans les communautés autochtones. De plus, sa classe étant située dans une école de Calgary, Hopkins encourage ses élèves à se pencher sur les enjeux relatifs aux oléoducs et aux gazoducs, à chaque fois que cela fait la une des journaux, un sujet chaud dans une ville dont l’économie est étroitement liée à l’industrie pétrolière et gazière.

« Je n’hésite jamais à aborder des sujets controversés », déclare Hopkins. « J’ai l’impression que de les éviter, c’est causer du tort aux élèves. Les jeunes ont besoin d’apprendre à avoir des conversations réfléchies et respectueuses, à réaliser qu’ils n’ont pas à être d’accord avec tout et que toutes les voix n’ont peut-être pas besoin d’être entendues. L’école offre un espace sécuritaire pour acquérir ces compétences. »

Hopkins estime qu’il est important de donner vie aux processus politiques afin d’aider les élèves à sentir qu’iels sont concerné.e.s et qu’iels partagent une responsabilité sociale. « Quand nous parlons de la Charte, nous constatons que nous avons des droits et des libertés, mais aussi des responsabilités », explique-t-elle. « Il est donc important de se demander ce que signifie le terme “communauté” et quel est notre rôle au sein de la communauté. »

L’approche de Hopkins est pratique et expérimentale. L’une de ses activités favorites consiste à inviter des représentant.e.s élu.e.s en classe. Elle accueille des député.e.s, dans le cadre du programme Salut l’élu.e, et utilise le programme SENgage pour accueillir des sénateur.rice.s. En 2018, Julie Payette, alors gouverneure générale du Canada, a même participé à une rencontre Zoom avec sa classe. 

Les jeunes ont besoin d’apprendre à avoir des conversations réfléchies et respectueuses, à réaliser qu’ils n’ont pas à être d’accord avec tout et que toutes les voix n’ont peut-être pas besoin d’être entendues. L’école offre un espace sécuritaire pour acquérir ces compétences.


« Il est très utile pour les élèves de comprendre que ces politiciens ne sont que des personnes normales », explique Hopkins. « Si vous arrivez à rendre les choses réelles et tangibles, il est plus facile de comprendre qu’ils ne feront pas toujours le travail que vous attendez d’eux, mais qu’ils font du mieux qu’ils peuvent, avec les ressources qu’ils ont, comme n’importe qui d’autre. » 

Parmi les autres activités qu’elle fait en classe, elle fait participer ses élèves à des campagnes de rédaction de lettres et les fait voyager à Ottawa afin de voir le Parlement en action. 

C’est en 2006 qu’Hopkins a commencé à utiliser les programmes de CIVIX, avec le Vote étudiant pour l’élection fédérale de cette année. Aujourd’hui, elle soutient ses collègues en planifiant et en fournissant les ressources du Vote étudiant, et toute l’école y participe.

Elle travaille en collaboration avec un enseignant de 6e année pour coordonner une équipe de bénévoles de 6e et de 9e année. « C’est vraiment génial de voir les petits et les grands travailler ensemble », dit-elle. Lors des dernières élections, Hopkins a créé une occasion d’apprentissage supplémentaire lorsqu’il a été déterminé qu’un deuxième bureau de vote était nécessaire pour recueillir les votes des 950 élèves de l’école.

« C’était stimulant pour moi, parce que je me suis dit qu’on pourrait faire une carte pour l’école et faire des liens entre les différents bureaux de vote et les circonscriptions », explique-t-elle. « Les jeunes ont fait de petites cartes pour tout le monde, afin que chaque classe sache à quel bureau de vote se rendre. Leur identité était ensuite vérifiée sur une liste de classe afin de rendre le processus aussi authentique que possible. »

Hopkins a pu observer la différence que fait le Vote étudiant et cite l’exemple d’un élève de 6e année qui, après avoir voté, s’est demandé pourquoi il n’y avait pas plus de gens qui le faisait, déclarant par le fait même : « Je vais toujours aller voter, parce que c’est si facile ». « C’était toute une victoire. Nous voulons cette attitude », dit-elle en se remémorant cet élève. 

« J’ai l’impression de rassembler une petite armée de citoyens informés qui vont aller voter », dit-elle. « La participation électorale chez les jeunes va augmenter grâce à ce que nous faisons. »

En Bref

NOM: Melissa Hopkins

LIEU: Calgary, Alberta

ANNÉES SCOLAIRES ENSEIGNÉES: 9e année

MATIÈRES ENSEIGNÉES: Études sociales, anglais, sciences humaines

NOMBRE D'ANNÉES D'ENSEIGNEMENT: 20

NOMBRE D'ANNÉES IMPLIQUÉES AUPRÈS DE CIVIX: 17

PROGRAMMES DE CIVIX MIS EN ŒUVRE: Vote étudiant, Consultations budgétaires auprès des élèves, ParlonsPoli et CTRL-F

MOTIVATION PRINCIPALE: « Je veux inculquer aux élèves la conscience qu’ils font partie d’un groupe collectif. Oui, vous êtes un individu, mais vous appartenez aussi à une communauté. Il est important de s’engager activement dans son pays, et cela s’accompagne de droits et de responsabilités. »