L’approche de Katie Glover en matière d’éducation à la démocratie est orientée vers l’action, car elle souhaite que les élèves considèrent la citoyenneté comme une pratique quotidienne.
« Je m’efforce de faire en sorte que tout soit aussi dynamique et interactif que possible », explique l’enseignante de Colombie Britannique. « Il faut apprendre les notions de base, mais l’éducation civique et la citoyenneté sont des choses que nous faisons en permanence. »
Glover, qui enseigne depuis neuf ans, se surpasse pour rendre la participation démocratique concrète et pertinente pour ses élèves du secondaire.
Elle enseigne les sciences humaines, la théorie économique et les études politiques à la Brookswood Secondary School de Langley. Dans tous ses cours, elle met l’accent sur l’action, l’actualité et la création de liens avec les représentant.e.s élu.e.s, par le biais de visites régulières de député.e.s provinciaux.ales et de conseiller.ère.s municipaux.ales à l’école.
L’établissement de relations avec les représentant.e.s élu.e.s aide les élèves à comprendre que le gouvernement n’est pas une chose abstraite – il y a des gens dont le travail consiste à représenter les intérêts de leurs électeur.rice.s, et tout le monde a son mot à dire et sa voix à faire entendre. « Nous devons tous comprendre qu’il n’est pas nécessaire de rester assis à se plaindre du gouvernement, mais qu’il est possible d’agir », déclare Glover.
Les élèves de 12e année du cours d’études politiques, un cours qu’elle a lancé à Brookswood il y a quatre ans, participent à un projet d’action d’une durée d’un semestre, appelé « Neighbourhood Politics Projet » (le projet politique du voisinage, en français). Les élèves sont invités à identifier un problème local qui leur tient à cœur, à s’informer sur le sujet, à s’adresser à des expert.e.s et à plaider en faveur d’un changement.
La recherche commence généralement par une promenade dans la communauté, au cours de laquelle les élèves observent et prennent en photo des problèmes qu’iels voudraient étudier. Iels travaillent ensuite sur l’élaboration d’un ensemble de questions qui guideront leur processus. Une élève, par exemple, s’est intéressée à une intersection dangereuse : « Elle s’est posé un certain nombre de questions, comme “Qui est responsable de ces panneaux de signalisation?” et “Comment faire installer un lampadaire? Qu’est-ce qu’il faut faire?” ».
Pour répondre à ces premières questions, les élèves doivent souvent prendre contact avec leurs conseiller.ère.s municipaux.ales. « Au début, ils sont nerveux à l’idée de le faire », dit-elle, « mais ensuite, ils obtiennent des réponses. Et je pense qu’ils ont vraiment l’impression que ces personnes s’intéressent réellement à la question. »
À la fin de l’année scolaire, iels partagent leur processus et leurs conclusions avec leurs camarades de classe. « Ils sont tous très fiers », déclare Glover. « Ils présentent tous à la classe leur problème, pourquoi ils l’ont choisi, leurs démarches, et ils montrent des preuves. Ils doivent présenter des preuves, telles que les courriels qu’ils ont envoyés et à qui ils ont parlé, ou de courtes vidéos ou des photos. Ils partagent ensuite les prochaines étapes à suivre et ce qu’ils ont appris. »
Glover reconnaît que le rythme lent de la bureaucratie ne s’aligne pas toujours sur le calendrier scolaire, donc le but du projet n’est pas de régler un problème, même si cela se produit parfois. L’année dernière, un groupe d’élèves s’est attaqué au problème de la désorganisation du parking de l’école. « C’était un énorme problème. Tout le monde le détestait », explique-t-elle. « Le projet a suscité beaucoup d’attention et, à la rentrée de septembre, le système de stationnement avait été modifié. »
Glover, qui a été en congé de maternité pendant la majeure partie de cette année scolaire, n’a pas eu l’occasion de vérifier la relation de cause à effet, mais « quatre conseillers municipaux sont venus et je sais qu’ils s’intéressent vraiment aux adolescents qui les contactent », dit-elle. « Il est probable que ces élèves aient eu un impact réel. »
La démocratie n’est pas un acquis. C’est une chose à laquelle il faut participer activement et qu’il faut protéger, faute de quoi nous la perdrons.
Les élèves de 10e année du cours de sciences humaines quant à elleux sont actif.ve.s d’une manière différente, puisqu’iels participent à une simulation parlementaire. « Nous faisons une simulation de projet de loi. Je leur donne un projet de loi à défendre et ils adorent ça », explique-t-elle. Après l’activité, Glover demande à ses élèves d’isoler l’élément le plus important et de le transformer en contenu publiable, tel qu’une vidéo TikTok ou une publication Instagram, afin de l’expliquer aux plus jeunes.
Dans son cours d’économie, ses élèves étudient un problème majeur auquel la province fait face, comme la crise du logement ou la crise des opioïdes, se renseignent sur la question et s’entretiennent avec des expert.e.s. « Ils doivent essayer de résoudre le problème dans une optique économique », explique-t-elle. « Je leur enseigne les théories économistes, comme celles de Marx, Keynes et Smith, de sorte qu’ils doivent se demander comment Marx résoudrait ce problème, comment Keynes le résoudrait, etc. et ce que fait actuellement le gouvernement pour résoudre ce problème? »
Les élèves doivent ensuite dire comment iels amélioreraient les actions du gouvernement, en fonction de ce qu’iels ont appris. Elle fait également participer les élèves en demandant au.à la député.e local.e de venir en classe pour discuter des enjeux et de mesures à prendre.
Glover utilise les ressources de CIVIX depuis le Vote étudiant de 2017. Elle attribue son approche de l’éducation civique à un Camp de la démocratie. « Ça m’a rendue vraiment passionnée, puis j’ai organisé le Vote étudiant pour la première fois, puis tout s’est enchaîné naturellement », dit-elle. Le Vote étudiant est aujourd’hui un événement important à Brookswood.
Que ce soit pendant les élections ou entre celles-ci, l’engagement de Glover est palpable. Elle est motivée par le fait qu’elle sait qu’elle a un rôle à jouer pour contribuer à la santé de la démocratie.
« La démocratie n’est pas un acquis. C’est une chose à laquelle il faut participer activement et qu’il faut protéger, faute de quoi nous la perdrons », dit-elle. « Beaucoup de gens au Canada, parce que les choses ont si bien été pendant si longtemps, la considèrent comme acquise. »
« Lorsque je vois dans les journaux des articles sur les théories du complot et leur omniprésence, je me dis “Attends une seconde, c’est mon travail. J’ai un rôle à jouer. C’est une chose sur laquelle je peux vraiment avoir un impact”. C’est tellement essentiel pour l’avenir. »
En Bref
NOM: Katie Glover
LIEU: Langley, Colombie Britannique
ANNÉES SCOLAIRES ENSEIGNÉES: De la 10e à la 12e année
MATIÈRES ENSEIGNÉES: Sciences humaines, théorie économique, études politiques
NOMBRE D'ANNÉES D'ENSEIGNEMENT: 9
NOMBRE D'ANNÉES IMPLIQUÉES AUPRÈS DE CIVIX: 7
PROGRAMMES DE CIVIX MIS EN ŒUVRE: Vote étudiant, Salut l’élu.e, CTRL-F, ParlonsPoli et Camp de la démocratie
MOTIVATION PRINCIPALE: « L’espoir d’un avenir meilleur. La démocratie est le seul moyen de s’en sortir, et nous ne pouvons pas la prendre pour acquise. »