Oluyemi Adegbite s’est toujours intéressé à la politique et au gouvernement. Il est né et a grandi au Nigeria, où il a été chargé de cours au département des sciences politiques, avant de venir au Canada. Il enseigne aujourd’hui à l’école intermédiaire depuis 20 ans.
« J’ai été activiste toute ma vie », déclare-t-il. « Je me suis toujours impliqué en politique que ce soit dans mon milieu de travail ou à l’école. » Adegbite a étudié les sciences politiques à l’université et a été président de son association étudiante universitaire. Au Canada, il a été délégué de son syndicat d’enseignant.e.s pendant plus de 10 ans.
Si sa formation est principalement académique, Adegbite a récemment obtenu un doctorat en enseignement à distance de l’Université d’Athabasca. En classe, il est capable de donner vie aux processus politiques pour ses élèves de 7e et 8e année de l’école publique Earnscliffe Sr. à Brampton, en Ontario.
Une de ses techniques d’apprentissage préférées est le jeu de rôle. « Enseigner la politique telle qu’elle est implique de parler beaucoup, mais, de nos jours, les élèves n’aiment pas les cours magistraux. Ils veulent participer », explique-t-il. « J’élabore généralement des pièces de théâtre, des numéros ou des saynètes pour que les élèves soient actifs. Ils pratiquent ce que c’est que d’être au gouvernement ou d’être dans le parti d’opposition. »
Adegbite dirige le Vote étudiant dans son école et utilise cette technique au moment des élections pour encourager la participation des élèves, avec beaucoup de succès. « Nous avons parlé du privilège de voter. Dans certains pays, les citoyens voudraient avoir la chance de voter, alors que dans le monde occidental, les gens négligent cette responsabilité civique. Nous avons donc joué une pièce de théâtre », explique-t-il.
Toute l’école s’est réunie pour assister à la représentation, au cours de laquelle les élèves ont présenté deux scénarios différents pour montrer que nous ne pouvons pas considérer notre droit de vote pour acquis. La pièce juxtaposait des citoyen.ne.s dans un contexte sans démocratie et d’autres ayant le droit de voter lors d’élections libres et équitables.
Après la représentation, les élèves sont reparti.e.s avec le sentiment d’avoir la responsabilité de déposer un bulletin de vote lors du Vote étudiant et iels ont ramené cette motivation chez elleux. « Le public a adoré », déclare Adegbite. « Le lendemain, les élèves venaient me voir et me dire qu’ils avaient veillé à ce que leurs parents votent. Beaucoup d’élèves m’ont aussi dit qu’ils avaient incité leurs parents à voter pour le parti de leur choix. »
Adegbite veut que ses élèves comprennent que le gouvernement n’est pas un concept abstrait. Selon lui, le gouvernement appartient à chacun.e d’entre nous et nous devons pratiquer la démocratie si nous voulons la conserver.
Donner aux gens l’occasion de voter, c’est leur donner une voix sur la façon dont le gouvernement est dirigé.
« Donner aux gens l’occasion de voter, c’est leur donner une voix sur la façon dont le gouvernement est dirigé », explique-t-il. « Cela leur donne la possibilité d’apporter leur propre contribution afin que le gouvernement prenne en compte leurs intérêts avant de prendre des décisions. »
À Earnscliffe Sr, le Vote étudiant est un événement important qui bénéficie du soutien de l’administration, d’un travail d’équipe de la part de l’ensemble du personnel et d’un taux de participation élevé chez les élèves. « C’est toujours comme un petit Noël lorsque nous organisons le Vote étudiant. Les élèves sont toujours impatients d’y participer. », explique Adegbite.
L’apprentissage du gouvernement est renforcé au niveau de l’école, où les élèves élisent un conseil des élèves, composé d’un « premier ministre » et de « ministres ». « Les candidats utilisent l’interphone de l’école pour s’adresser aux élèves et leur dire ce qu’ils feront s’ils sont élus », explique-t-il.
L’engagement d’Adegbite en faveur de la démocratie s’étend à la manière dont il choisit d’organiser sa classe. Qu’il s’agisse du choix de livres travaillés en classe ou des règles que les élèves s’engagent à respecter, il implique activement ses élèves dans la prise des décisions quotidiennes qui les concernent. « Les gens devraient avoir l’occasion de prendre plus de décisions, et ça devrait être la même chose dans nos classes », déclare-t-il. « Lorsque les gens ont l’impression d’avoir contribué à quelque chose, ils veulent le voir réussir. »
Adegbite ajoute que ses élèves sont très curieux.euses, ce qui les aide à apprendre. « Ils veulent savoir beaucoup de choses. Ils veulent en savoir plus sur la démocratie. Ils veulent en savoir plus sur le gouvernement. Ils veulent apprendre pourquoi le gouvernement prend des décisions impopulaires. »
C’est le niveau d’engagement de ses élèves qui donne de l’espoir à Adegbite. « Si les élèves ne participent pas, la démocratie finira par être en péril », déclare-t-il. Connaître le pouvoir d’un seul vote et savoir comment les votes s’additionnent pour faire changer les choses est essentiel pour s’assurer que cela ne se produise pas.
« Les gens se demandent ce que leur vote peut représenter, mais c’est à la somme de tous les votes que nous nous intéressons », explique-t-il. «Il faut plus d’éducation [civique], en particulier chez les jeunes qui développeront cette culture [démocratique] et aideront à renforcer la démocratie représentative que nous avons au Canada. »
En Bref
NOM: Oluyemi Adegbite
LIEU: Brampton, Ontario
ANNÉES SCOLAIRES ENSEIGNÉES: 7e et 8e année
MATIÈRES ENSEIGNÉES: Mathématique, sciences, technologies, enseignant en classe ressource
NOMBRE D'ANNÉES D'ENSEIGNEMENT: 20
NOMBRE D'ANNÉES IMPLIQUÉES AUPRÈS DE CIVIX: 12
PROGRAMMES DE CIVIX MIS EN ŒUVRE: Vote étudiant, Consultations budgétaires auprès des élèves
MOTIVATION PRINCIPALE: « Je veux avoir un impact sur la culture politique des gens qui m’entourent, où que je sois. La démocratie est le seul moyen sûr de gouverner. C’est le contraire du chaos. Tout le monde est humain et égal. Nous sommes tous égaux devant la loi. »