Cela fait 19 ans que Anne Quesnelle enseigne au sein du Conseil scolaire catholique Nouvelon et déjà neuf ans qu’elle enseigne aux jeunes élèves de Sainte-Marie, une école élémentaire francophone du Grand Sudbury, en Ontario. Après avoir enseigné au niveau préscolaire pendant de nombreuses années et puis ensuite en 5 et 6e année, elle occupe désormais le poste d’enseignante des arts (visuels, dramatiques, musique et danse) pour tous.tes les élèves de l’école. 

Quesnelle croit que personne n’est jamais trop jeune pour s’intéresser à la politique et au monde qui l’entoure. Elle n’hésite pas à discuter d’enjeux politiques ou sociaux avec ses élèves. En fait, elle les encourage à prêter attention et à faire preuve de curiosité envers tout ce qu’iels voient au quotidien. « Quand les élèves posent des questions, on se doit d’y répondre et ne pas les ignorer. C’est important d’impliquer les jeunes. » 

Les questions viennent souvent en période électorale, ce qui donne à Quesnelle l’occasion idéale d’impliquer davantage ses élèves dans le processus démocratique en participant au Vote étudiant. « En temps d’élections, c’est facile d’amener le sujet, car les jeunes sont toujours à  l’écoute. » 

Depuis 2017, Quesnelle a dirigé le programme dans son école pour chaque élection au niveau municipal, provincial et fédéral, faisant participer tant ses collègues que les élèves et leurs parents. « Lorsque je m’engage à faire vivre un programme de CIVIX dans mon école, je m’assure que ce ne soit pas seulement ma salle de classe, mais bien toute ma famille-école qui puisse en bénéficier. »

Sans grande surprise, son engagement a des répercussions même en dehors de l’école. « Les parents ne s’attendent pas à ce que leurs enfants soient intéressés par la politique. Les élèves amènent les questions à la maison et en parlent avec leurs parents et ça motivent les parents à participer et à voter. »

Consciente du fait que tous.tes les enseignant.e.s ne sont pas préparé.e.s à aborder l’éducation civique et les élections en classe, Quesnelle apporte son soutien et ses ressources à ses collègues qui souhaitent participer aux activités qu’elle propose. Ses élèves et elle vont souvent dans d’autres classes pour présenter les candidat.e.s et les partis à tous.tes les élèves.

En plus d’aider les élèves à se renseigner sur les candidat.e.s locaux.ales, Quesnelle invite ces dernier.ère.s en classe pour qu’iels puissent répondre directement aux questions des élèves. Elle s’efforce, autant que possible, de donner la même visibilité à tous.tes les candidat.e.s, en s’assurant qu’iels soient tous.tes invité.e.s à rencontrer ses élèves, mais Quesnelle sait aussi saisir une opportunité lorsqu’elle en voit une. 

« Lors de la dernière élection municipale », se rappelle-t-elle «, j’ai vu notre conseiller municipal actuel au bord de la rue avec sa pancarte, saluant les citoyens, et j’ai arrêté ma voiture pour l’inviter sur-le-champ à venir dans ma salle de classe ce matin-là pour parler aux élèves. Il a accepté et 30 minutes plus tard, mes étudiants ont su bien l’accueillir. »

Non seulement ces visites permettent aux élèves d’en apprendre davantage sur les enjeux et sur les personnes qui se présentent aux élections, mais elles démystifient également certains préjugés qui sont souvent associés aux représentant.e.s élu.e.s. « Les candidats sont accessibles et c’est important que les jeunes sachent que ce ne sont pas des vedettes. » 

Lorsque je m’engage à faire vivre un programme de CIVIX dans mon école, je m’assure que ce ne soit pas seulement ma salle de classe, mais bien toute ma famille-école qui puisse en bénéficier.


De plus, Quesnelle essaie de montrer à ses élèves que devenir représentant.e élu.e, ou tout autre type de fonctionnaire, est à la fois un privilège et un sacrifice. « C’est important que les élèves comprennent que les gens qui se présentent en politique sont des gens de Sudbury qui font un sacrifice en allant vivre ailleurs. Ce sont des êtres humains, comme nous. C’est peut-être même un membre de leur famille. » 

Quesnelle a saisi de nombreuses autres opportunités qui ont permis à ses élèves de vivre des activités d’apprentissage authentiques et expérientielles, tout en leur montrant différentes façons d’être un.e membre actif.ve de dans sa communauté. « Pour moi, l’éducation ne doit pas rester entre les quatre murs », dit-elle. 

À la fin de l’année 2018, alors que le Commissariat aux services en français, faisant désormais partie du Bureau de l’Ombudsman de l’Ontario, a annoncé qu’il abandonnerait le projet de l’Université franco-ontarienne, Quesnelle et ses élèves se sont mis.e.s à la tâche. « Seulement quelques heures après l’annonce du premier ministre provincial, on a pu se mobiliser rapidement. Les élèves ont sondé les gens de notre école en faisant des entrevues “flash”. Ils ont créé un tableau de manifestation et sont, d’après mes constatations, une des premières classes à montrer leur désaccord de façon démocratique et visible dans le monde virtuel face à cette nouvelle importante du jour », raconte-t-elle.  

Leur message est devenu viral sur les comptes de médias sociaux de la communauté franco-ontarienne. Cette manifestation publique a montré à quel point les élèves de Quesnelle sont engagé.e.s et informé.e.s, et a contribué à sa nomination parmi les finalistes du Prix d’histoire du Gouverneur général 2019 pour souligner l’excellence en enseignement. 

Après les élections fédérales de 2021, Quesnelle a aidé ses élèves à trouver d’autres moyens de faire entendre leur voix. Ses élèves de 5e et de 6e année ont organisé une campagne de sensibilisation aux modes de transports actifs au sein de la communauté, qu’iels ont baptisée « Roulons, Marchons, Lions! ». 

Iels ont travaillé en partenariat avec Azilda Community Action Network (ACAN), une organisation communautaire, et ont préparé un argumentaire démontrant l’importance des trottoirs et des pistes cyclables sur les routes principales. 

Dans le cadre de cette campagne, plusieurs élèves, âgé.e.s de 10 et de 11 ans, ont participé à une assemblée de l’hôtel de ville, un vendredi soir, où iels ont été invité.e.s à s’exprimer et à présenter leur point de vue en tant que jeunes usager.ère.s. « Leur impact à cet événement fut époustouflant et on reçoit toujours des éloges et des remerciements pour notre participation à cette rencontre qui ne compte pas habituellement de jeunes personnes et leur voix démocratique. » Ceci est un exemple qui montre à quel point les jeunes élèves peuvent être conscientisé.e.s et engagé.e.s grâce aux conseils et au soutien d’enseignant.e.s comme Quesnelle. « Les jeunes ont compris que si quelque chose leur tient à cœur, ils peuvent faire quelque chose – leur voix compte.»

En Bref

NOM: Anne Quesnelle

LIEU: Grand Sudbury, Ontario

ANNÉES SCOLAIRES ENSEIGNÉES: Tous les niveaux élémentaires

MATIÈRES ENSEIGNÉES: Arts (visuels, dramatiques, musique et danse)

NOMBRE D'ANNÉES D'ENSEIGNEMENT: 19

NOMBRE D'ANNÉES IMPLIQUÉES AUPRÈS DE CIVIX: 7

PROGRAMMES DE CIVIX MIS EN ŒUVRE: Vote étudiant, CTRL-F

MOTIVATION PRINCIPALE: « Je suis une apprenante à vie et j’apprends de mes élèves en même temps qu’ils découvrent de nouvelles choses.»