Lorsque le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a annoncé en 2021 son intention de mettre en place des élections à date fixes en juillet, Christina McKay s’est portée volontaire pour témoigner devant le Comité permanent de modification des lois afin de s’opposer à cette mesure, qui rendrait la tenue du Vote étudiant impossible.
N’ayant qu’un avant-midi pour se préparer, l’enseignante au secondaire a interpellé deux de ses élèves, qui avaient récemment pris part au Vote étudiant, pour qu’iels attestent de la valeur du programme, dans l’espoir que la date prévue pendant les vacances d’été soit reconsidérée.
Ses élèves du cours d’histoire canadienne de 10e année, des jeunes très éloquent.e.s et passionné.e.s, et elle ont discuté de la proposition en classe. Lorsque Taylor Gunn, ancien président de CIVIX, a lancé un appel aux enseignant.e.s de Nouvelle-Écosse pour recueillir leurs commentaires sur le programme, ses élèves se sentaient prêt.e.s à exprimer leur opinion.
Lors de son témoignage, elle a déclaré au comité : « Je suis une fervente partisane de ce type d’apprentissage authentique. Les élèves veulent être inclus.es à ce qu’il se passe dans le monde réel et iels savent faire la différence entre la réalité et les simulations. »
« Même s’il s’agit d’une simulation électorale, tous les candidats viennent dans notre école », poursuit-elle. « Mes collègues m’ont dit que les élèves étaient captivés par ce que les candidats avaient à dire. C’est une chose difficile à recréer en dehors du cadre d’une élection. »
En fin de compte, leurs efforts n’ont pas connu le succès escompté et la Nouvelle-Écosse a mis en place des élections à date fixe en juillet. Malgré tout, McKay affirme que l’expérience s’est révélée précieuse et motivante pour les élèves. « C’était une activité de renforcement des compétences qui a permis de démystifier le processus politique, et qui a mis tout le monde en colère, aussi. »
Les deux élèves qui ont témoigné sont maintenant en 12e année et parlent encore de cette expérience. L’un.e d’entre elleux est aujourd’hui à la tête du conseil des élèves de leur école secondaire, Sacred Heart.
McKay, qui enseigne depuis 25 ans, attribue son engagement en faveur de l’éducation à la démocratie en partie à ses origines. Son père étant producteur à la CBC, elle grandit en accordant beaucoup d’intérêt à l’actualité et elle se préoccupe beaucoup de l’éducation aux médias.
Son mari est suédois et leurs enfants sont né.e.s à Stockholm, où elle a enseigné pendant 13 ans. « Une grande partie de ma philosophie et de mes pratiques enseignantes sont certainement influencées par le temps que j’ai passé à enseigner en Scandinavie », explique-t-elle. « La tradition démocratique y est très forte. »
Je suis une fervente partisane de ce type d’apprentissage authentique. Les élèves veulent être inclus.es à ce qu'il se passe dans le monde réel et iels savent faire la différence entre la réalité et les simulations.
On attend des enfants et des jeunes adultes qu’iels aient une culture civique et qu’iels participent à la vie de leur communauté, dit-elle, et cela s’applique aussi à la salle de classe. « La loi suédoise sur l’éducation stipule qu’il est nécessaire d’élaborer un plan d’études en consultant les élèves. Il faut leur demander comment ils aimeraient que se déroule leur apprentissage. »
Lorsque McKay est retournée enseigner en Nouvelle-Écosse il y a dix ans, elle a apporté avec elle ces valeurs. Malgré tout, lorsqu’elle a été mandatée d’enseigner le cours d’éducation civique, elle craignait que la matière soit trop ennuyeuse. Elle a rapidement découvert l’existence de CIVIX et a été séduite dès son premier Vote étudiant, en 2015.
« Les ressources étaient tellement accessibles. J’ai découvert à quel point il était intéressant d’utiliser les vidéos de CIVIX en classe et de faire venir des député.e.s pour les rencontrer », raconte-t-elle. « J’avais une classe très à l’aise avec le numérique et elle s’est vraiment lancée dans l’aventure. Nous avons décidé de réaliser une vidéo pour promouvoir les élections. Encore aujourd’hui, j’aime la montrer. C’est tellement drôle, et les élèves se sont tellement amusés à la réaliser. »
McKay a appris, elle aussi, au cours de ce processus. « Le seul moyen d’éviter qu’un cours soit perçu comme ennuyeux ou que les élèves se désengagent, c’est de passer par la pratique. Il faut que ce soit participatif. »
L’éducation civique a depuis été retirée du programme de son école, mais McKay, qui enseigne les études sociales, l’action sociale et l’anglais, établit des liens avec l’éducation civique à chaque fois qu’elle en a l’occasion, par le biais de l’actualité, de débats, de la compétence orale ou de discussions sur l’éthique, entre autres.
« J’essaie de toujours avoir des discussions sur la citoyenneté », dit-elle. « Aujourd’hui, nous travaillions les civilisations précolombiennes et j’ai posé des questions sur ce qui compose une civilisation. De quoi avons-nous besoin pour former un groupe de personnes vivant ensemble en harmonie? Et comment s’assurer que nous construisons cela en permanence? »
Quant au Vote étudiant, elle a défendu le programme auprès de l’administration de son école pour qu’il soit mis en œuvre en dehors d’un cours ou d’un programme d’études particulier. « Je le fais maintenant dans toute l’école », dit-elle. « J’ai demandé aux élèves de toutes les classes de se porter volontaires pour aider à son organisation. Tout le monde participe. »
En dirigeant le programme dans son école, elle est en quelque sorte devenue une célébrité dans les corridors. « Lorsque j’organise une élection, des élèves de toute l’école me disent : “Oh, c’est toi! J’aimerais vraiment qu’on parle de politique ensemble” », raconte-t-elle. « C’est dans des moments comme ça que vous savez que vous faites quelque chose de bien. »
McKay est motivée par le désir de protéger et de promouvoir la démocratie. Selon elle, les élèves veulent naturellement être inclus.es dans les discussions sur les enjeux importants et iels ont le droit de l’être. « C’est le rôle de l’enseignant. Une partie de notre travail est d’aider les élèves à communiquer, à se défendre, à développer des compétences de leadership et de pensée critique pour participer aux processus politiques. »
En Bref
NOM: Christina McKay
LIEU: Halifax, Nouvelle-Écosse
ANNÉES SCOLAIRES ENSEIGNÉES: De la 9e à la 12e année
MATIÈRES ENSEIGNÉES: Histoire, action sociale, anglais avancé et sciences humaines
NOMBRE D'ANNÉES D'ENSEIGNEMENT: 25
NOMBRE D'ANNÉES IMPLIQUÉES AUPRÈS DE CIVIX: 8
PROGRAMMES DE CIVIX MIS EN ŒUVRE: Vote étudiant, Consultations budgétaires auprès des élèves, Salut l’élu.e, CTRL-F et ParlonsPoli
MOTIVATION PRINCIPALE: « L'état de la démocratie, de la culture civique et de l'engagement m'inquiète profondément. Je suis dans une position privilégiée qui me permet de prendre action à ce sujet. »